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DE LA VILLE DE PARIS.
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de mousse, entremeslez avec plusieurs petitz lezardz et limax gravissans.
Au dessus de la corniche qui regnoit par dessus le berceau etvoultc de cest arc, estoit ung grand navire d'argent, soubz laquelle se voyoit une riviere; à costé duquel navire qui representoit non seullement la ville de Paris, mais aussy tout le royaulme de France, (d'aultant que ladicte ville est l'exemple auquel tous les aultres se mirent), estoient les jumeaux Diocures, qui sont les figures de Castor et Pollux, ressem-blans de visaige au Roy et Monseigneur, faictes d'or et ayans chacun une estoille d'or sur leurs testes; lesquelz soustenoient ce navire comme l'ayant saulvé d'une grande tempeste et orage. Et fut ceste représentation prinse sur ce que Castor et Pollux sont estoilles de très heureuse rencontre et certain presaige de temps calme, quand ilz apparoissent aux mariniers, au plus fort de la tempeste. Aussy la presence de ces deux grands princes freres nous signiffié non seullement la salvalion du naufrage, mais toute asseurance de repos et tranquilité à l'advenir.
Au dessoubz duquel navire, en la labié d'altente cy dessus speciffiee, estoit escript:
Puisque ces astres, clairs Dioscures, nous sont
apparuz en ce meu, apres si grand orage,
Ceste nef et lus siens doresnavant pourront
Voguer libres par tout, sans crainte du naufragé. [B]
Et à costé, dessoubz la figure de Castor: Nobilium Castor Quondam moderator equohum,
NuNCQUE RATUM GRAVIS HjEC QUO SALVA REGENTE CARINA.
Et à l'aultre costé, dessoubz Pollux :
DUM GEM1NUS GEMINO STABIT CUM CaSTORE PoLLUX,
Non metuet sawas ratis ii.ec jactata PROCELLAS.
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Autres TnYPuis, autres Jasons encor
Amèneront la riche toyson d'or
En nostre France, et non toinct de Medée.
Et affin de faire cognoistre par quel moyen ces deux princes sont aujourd'huy si beaux, clairs et déifiiez, veu les orages et lempestes qui ont esté depuis dix ans en la France, estoit ung tableau de peincture, dans l'ung des flancs de cest arc, auquel estoit dépeint une mer enflée et ung grand monstre marin à l'un des boutz d'icelle, lequel faisoit contenance de dévorer à gueulle bée les petitz glauques ou daulphineaux, estantz prest de l'aultre bout de la mer, soubz la garde et protection d'ung grand daulphin, leur progeniteur, lequel les couvroyt de ses aisles le plus qu'il pouvoit, mais se voyant pressé par le monstre marin, les avaloit et receloit en son estomach, comme en lieu de toute seureté, jusques à ce que led. monstre fut passé oultre; lequel passé, rendoit ce daulphin ses petitz sainz et entiers.
A l'exemple duquel daulphin, la Royne a bien sceu garder noz Princes, ses enffans, petitz et en bas aage, contre toutes advenues et effortz, et enfin iceulx rendus sains, entiers et apparens, telz qu'ilz sont aujourd'huy. De laquelle nature des daulphins Oppian, poète grec, a doctement escript, duquelles vers grecs qui estoient soubz ces tableaux ont esté extraietz :
ÀMOIXANÔN KATEAÉKTO KATÀ STOM A, MÉSO ÏOTE
[AÈMA, XÀS2HTAI, TÔTE A'Af 612 ÀNÉnTTSE AEÏKANÎH-
6EN <->.
signiffiant :
Le DAULPHIN POUR SAUVER SES GLAUQUES DE DANGER,
Quand le monstre marin dévorer les pourchasse, les remect en son corps, fa1gnant de les manger, Puis le monstre passé, les rend sains enla place P'.
Et pour faire entendre d'abondant comme ceste dame a sagement proceddé pour maintenir l'estat de la France, estoit ung aultre tableau en l'autre joue, dans lequel estoient deux ruches à miel, desquelles les mouches sorties avoient une cruelle guerre les unes contre les aultres, chaque bande conduicte par son cappitaine, et une main jectant de la pouldre menue par dessus, à l'endroict où estoit le plus grand conflict, par le moyen de laquelle
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Sonet de Pierre de Ronsart f1'.
Quand le navire, enseigne de Paris, (France et Paris n'est qu'une mesme chose), Estoit de ventz st de vagues enclose, Comme ung vaisseau de l'or.uge surpris,
Le Roy, Monsieur, Dioscures espritz, Freres, et filz du ciel qui tout dispose, Sont appardz à la mer qui repose
Et LE NAVIRE ONT SAULVE DB PERILZ.
de jupp1ter les deux enffans jumeaux ne sont là hault ny si clairs ne si reaux. Jamais Argon ne fut si bien guydée.
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<■' Ce litre se trouve dans le Registre B et dans l'imprimé, mais non dans le Registre A.
'*' Oppien, Halieulica, sive de Piscatione, liv. I, vers 754-755.
(3) Simon Bouquet a oublié d'indiquer l'auteur de ces quatre vers. Ils ne doivent pas étre de lui.
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